Points de Repères, Repères de points

Dans le cadre des Résidences d’artistes organisées par L’Atelier Blanc (Villefranche de Rouergue) autours des six Bastides du Rouergue, Sauveterre-de-Rouergue accueil pour deux mois (Nov. 2016, Avril 2017) l’artiste plasticien David Lachavanne.

« Points de Repères, Repères de point » est un projet artistique à caractère participatif qui concerne six artistes immergés respectivement dans ces villes et villages du Rouergue, à la rencontre du territoire et de ses habitants.

L’objectif est la création d’une œuvre, issue d’une réflexion sur le patrimoine,  destinée à être exposée dans l’espace public. La notion de « démarche participative » est au cœur du projet.

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Vue de l'ancienne tour de guet des remparts de Sauveterre de Rouergue

Déroulement :
Novembre :
Je présente mon travail lors d’une vidéoprojection commentée, le Jeudi 03 Novembre  à 18h30 à la salle du four banal. Une vingtaine de personnes assiste à cette présentation. Un atelier (n°2 vacant) de l’espace Laperouse, pôle artisanale est mis à ma disposition. Je vais à la rencontre des habitants afin d’obtenir des histoires de tout ordre,  des légendes concernant le village, son patrimoine, et la vision qu’en ont ses habitants. La vitrine de l’atelier est utilisée comme support d’expression où je représente les différentes pistes de projet, les divers propositions des  habitants,ainsi que les histoires collectées.

Parmi elles, on retrouve, en vrac : L’histoire de ce fameux Comte de Laperouse dont la mère habitait Sauveterre, et qui aurait appris à nager dans les anciennes douves. La légende d’un souterrain partant du puits de la place centrale, et débouchant plus bas dans la forêt. Celle de la cloche du village se mettant à sonner toute seule et permettant de déjouer une attaque des Anglais, alliés des « routiers », durant la guerre de cent ans. Celle du pape caché, de la croix des rats, des ravages de la peste, de l’église qui a été reconstruite de l’autre côté des remparts (etc…)… Parmi les propositions personnelles des habitants, la réalisation d’un monopoly géant sous les halls couvertes, celle d’un abris à palabre façon pays Dogon afin de régler les différents des habitants sur la place centrale, celle de différentes structures artistiques évoquant le patrimoine de la Bastide…
L’installation d’une boite à suggestion, ainsi que la distribution de questionnaires (en libre consultation bientôt sur ce blog) concernant le projet, dans les principaux commerces du village permet à la population de pouvoir donner son avis de manière anonyme. Les rencontres et les échanges autours du pôle artisanal de l’espace Laperouse, les bars et autres commerces ont conservé une relative vitalité malgré la réduction du tourisme. Les habitants se montrent très ouverts et très réceptifs. L’endroit est idéal afin d’organiser ce projet de manière participative.

Des visites commentées par Christophe Evrard sont organisées dans les six Bastides. A Sauveterre, plusieurs personnes me permettent de découvrir le patrimoine. (visite du clocher avec J. L. Couderc, discussions autours de la maquette avec Claude Gineste.).
Six heures d’interventions à l’école primaire de Sauveterre sont organisées par «Aveyron Culture mission départementale». Il s’agit de plaques de plexiglass proposant le point de vue choisi par chaque enfant sur leur école. Un procédé simple d’armatures placées dans l’espace leur a permis de «décalquer» le réel. Ils ont ensuite peint ces plaques.

Les créations produites avec les enfants sont exposées dans la vitrine de l’atelier 2 à l’occasion du projet de calendrier de l’avant 2016. L’éclairage de la vitrine permettra de les mettre en valeur à la manière de vitraux (éclairées par l’arrière).

Avril :
Le mois d’Avril sera consacré à la réalisation physique du projet artistique.
La participation des habitants à la mise en œuvre sera encouragée. Plusieurs artisans sont intéressés poursuivre l’évolution de ce projet. Certains sont prêts à s’investir au côté de l’artiste afin de réaliser ce projet.

Le projet artistique

Thème retenu : Les puits de Sauveterre

A la différence des autres Bastides fonctionnant avec des citernes, ou utilisant l’eau des rivières, la position géographique et les particularités géologiques de Sauveterre, ont amené ses habitants à construire de nombreux puits.

Celui de la place centrale est l’objet d’interrogation des visiteurs de passage, mais aussi le support d’une légende qui perdure ; celle d’être le point de départ d’un souterrain permettant de s’échapper de la cité afin de rejoindre la forêt en contrebas du village.
L’ épicière me confie le rituel commun, des touristes s’avançant jusqu’au puits pour s’y pencher, et regarder à l’intérieur. Certains vont même de leurs crachats afin de mesurer la hauteur de l’eau. Quand à moi, je suis un peu déçu de ne pouvoir mieux discerner le fond du puits à cause du grillage de protection placé au dessus.

 

 

La place centrale de Sauveterre est particulière. Les caves, placées originellement devant chaque demeure communiquaient entre elles. La légende du souterrain persiste, malgré la visite d’un plongeur dans le puits central cet été 2016, qui n’a rien découvert de particulier, si ce n’est d’avoir pu effectuer les mesures précises de celui-ci.
Le mythe concernant le fait que l’on ai pu, un jour, y faire tourner des bœufs au fond, semblent s’effondrer…

Ma proposition :
L’installation artistique que je souhaite réaliser concernera ce puits central.
Je souhaite représenter cette vie souterraine fabulé. L’idée serait d’y placer une structure (face intérieure d’une forme sphérique) représentant à la manière d’un trompe l’œil en volume, par un jeu de perspectives, les profondeurs imaginaires du puits. La représentation de galeries, de voutes, d’escaliers, et peut-être de personnages (historiques?) s’inspirera des différentes histoires de Sauveterre, mais aussi de l’actualité.
A l’extérieur, j’interviendrais sur le portant en acier. Celui-ci servira de support à l’installation d’une girouette représentant un bateau. Elle actionnera une rose des vents placée au fond du puits.
L’allusion à l’histoire de ce fameux Monsieur de Laperouse, sera amenée par la représentation de son navire, «La Boussole» disparu au large des îles Vanikoro en 1788.

L’eau, l’Histoire et la liberté
L’installation artistique évoque à la fois l’histoire du cheminement de l’eau, sa mobilité, et sa permanence, ainsi que notre Histoire.
Présente sous différentes formes (liquide, solide, elle constitue aussi les êtres vivants…) l’eau circule sur toute la planète. Elle pu être à une époque source d’inquiétude car soupçonnée de véhiculer des maladies (peste…). Le vent, l’eau, le navire faisant allusion aux voyages et aux grandes explorations, actionne une rose des vent au fond du puits.
Les profondeurs de la terre, ses strates évoquent aussi notre passé ; L’Histoire sur laquelle nous nous construisons, notre patrimoine, sont les points de départ de cette installation artistique. Elle s’inspire du bâtit propre à Sauveterre (pierre, bois, colombage…). En nous tournant vers le sol, nous contemplons notre Histoire…
Je souhaite aussi faire référence à notre époque troublée de conflits, amenant des populations entières à quitter leur territoire pour survivre. L’évocation du souterrain, du passage caché permettant de se déplacer malgré les murs et les frontières, sera ici amené par la création de personnages ou de situations particulières.

 

Réalisation d’une maquette

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Essais sur un cône très évasé en zinc. Travail d’essais de perspective avec de la terre…

Retour à Sauveterre le 01 Avril

Les retrouvailles avec les habitants me permettent de nouveaux échanges constructifs sur ce projet. Elles se déroulent sous les meilleurs auspices.

De nouvelles mesures du puits déterminent la profondeur maximale de la coupole.

Réalisation du fond de la coupole. (Inspirée par les plans d’un four solaire).

 

Réalisation des personnages en terre cuite

Un partenariat s’établit avec Martine, ma voisine d’atelier céramiste. Son emplois du temps, assez serré en Avril, précipite la réalisation des personnages destinés à être placé au fond du puits, à l’échelle de la maquette / trompe l’œil…

Les temps de séchages, et de cuissons étant très long, je consacre le début de la semaine à la création de 5 personnages. J’apprécie énormément me replonger dans le modelage. (La perspective de pouvoir conserver ces pièces dans le temps, avec la cuisson est aussi très motivante!) J’essaie de respecter les techniques et les conseils de Martine. J’essaie aussi de m’imaginer la vision que l’en on aura depuis la margelle du puits (vue plongeante).

Ces sculptures représentent des personnages surchargés, avec bagages et enfants, en déplacement, en transit… Ceux que l’on appel de manière réductrice « les migrants », sont des gens ayant dû quitter leur territoire pour fuir différents maux… En transit au fond de ce puits, ils nous communiquent leurs émotions en échangeant avec le spectateur un regard, ou une attitude. Ces personnages sont inspirés par mon propre entourage. Je me projette dans cette fuite endurée, en m’imaginant la charge et la difficulté que cela doit représenter de tout quitter pour chercher un endroit plus accueillant, en n’emportant sur sois que l’essentiel permettant de survivre à cette errance.

Je laisse le soin à Martine de peindre et d’émailler les personnages, ainsi que la cuisson, et la maitrise de son four.

Construction de la coupole en zinc / suite

Un grand merci à Jean,  Rémi, Johann, Aglaé et Max pour les conseils techniques et autres « brainstorming » concernant la construction de la coupole…

L’accès à l’intérieur devient périlleux… L’assemblage en deux parties est une piste, ma propre suspension dans une balancelle afin de pouvoir travailler à l’intérieur, en est une autre…

Réalisation de l’armature en acier et grillage :

Réalisation d’un portant en bois sur roulettes, et d’une croix en bois. (Rigidité, solidité, accroche de déplacement…) Tapissage de l’intérieur du moule en zinc de plastique afin que l’enduit n’adhère pas dans les interstices.

Réalisation de la coupole en enduit

L’enduit est réalisé à partir de sable, chaux blanche, ciment blanc, résine, pigments et hydrofuge. Une équipe de l’association l’AJAAL vient me prêter main forte pour la mise en forme et la première couche d’enduit. (Un grand merci à eux!)

Un petit  frisson quand même au moment de refermer la porte d’accès opérée sur la structure en zinc et en grillage.

La coupole prend forme sur les conseils de Rémi. Lorsque la 1ère couche est sèche, nous tentons de la basculer au sol, afin que je puisse travailler l’intérieur… C’est déjà bien lourd mais ça tient!

Réalisation des voutes et des fausses pierres en enduits teinté.

Réalisation de pièce en acier sur mesure avec Jean D.  Pliage au chalumeau et soudures qui ont meilleurs allures que les miennes!

Pour plus de sécurité, et de praticité, nous choisissons de fixer la coupole directement sur la grille en fer forgé recouvrant le puits… La mairie me donne son accord.

Je décide de réaliser un « berceau » permettant de fixer la pompe se trouvant au fond du puits et l’éclairage de mon installation. De plus, celui-ci est une sécurité supplémentaire pour assurer cette pièce qui doit désormais peser plus de 200 kg.

Une nouvelle coloration des fausses pierres est réalisée à l’aide d’une éponge imbibée d’un mélange eau / pigments / résine.

Le berceau est placé dans le puits, la pompe est accrochée dessus. La pâte en acier est coupée, les tenons de la grille inférieure aussi.

Nous prenons la décision avec Rémi, Jean et Philippe C. de fixer la coupole directement à la grille du puits. Celle-ci est en fer forgée. Elle pèse environs une soixantaine de kilos, et nous semble très solide. La coupole sera boulonnée sur ces 4 pâtes d’acier à la grille.

J’opère ensuite les découpes dans la plaque de zinc, puis dans l’enduit des portes.

Deux d’entre elles seront destinées à un système d’éclairage (détecteur + lampes à diodes). L’ensemble doit être perméable. L’alimentation électrique pourra se faire à côté du puits. Une prise est déjà prévue pour le fonctionnement de la pompe.

Je rajoute 4 plaques de zinc pliées puis peintes afin de simuler 4 escaliers accédants au 4 voutes et donnant sur la coursive au fond du puits…

 

Viens ensuite l’étape du collage des personnages sur la coursive. Cela nous prends une soirée, nous en profitons pour baptiser cette installation.

Max, Jean, Martine, Lucie et Bastien s’impliquent autours de quelques bières afin de rechercher un titre. Entre trois bretzels, et deux jeux de mots pourris, on passe une bonne soirée. Nous échappons à : – « Les sangs coulés » « Tout ira bien… » « Au puits des songes. » « En marche forcée » « Flux » « Au fond, tous humain » « Eux, toi, nous, vous, tous » « Humain à l’eau » « aqua ça rime? » « Do not feed the migrants » « 100 vallées sans frontière » « Down again » « Errance espérance »  « Et puits les autres » « D’autres eaux » « Boussole » « L’inaccessible étoile » … Je choisis un titre qui me trotte dans la tête depuis le début de cette aventure, clin d’œil à une chanson d’Angelo Branduardi que mes parents écoutaient lors de mon enfance et que je réécoute avec un plaisir tout particulier en faisant quelques entrechats dans certaines soirées mondaines : « Là où le vent te mène » , originellement « Va où le vent te mène »…                                                                                           Je trouve qu’il représente à la fois l’errance fortuite et incontrôlé de ces personnes, contraintes à l’exil, l’idée d’exploration de ce fameux Mr de Laperouse  à bord de son navire L’Astrolabe, et l’ensemble de cette installation artistique, où l’action du vent (par le biais de la girouette) entre en résonance avec ce qui se passe au fond du puits, l’animation d’une rose des vents sans aucune légende apparente …

Le collage des personnages est très délicat. Le temps de prise n’étant pas celui annoncé sur l’emballage de la colle, il me faut caler les personnages avec des étais, l’attraction terrestre et la position de la coupole jouant contre nous.

Le temps de réaliser la rose des vents, la girouette, et son système de fixations démontable (afin de permettre le retrait de l’ensemble lors des accès hypothétiques à la pompe!), la découpe régulière du bord de la coupole (zinc + enduit), d’abord à sec et suffoquer de poussière, puis sur les conseils de Rémi mouillé (confort incomparable!), réalisé le joint reliant la coupole à la grille et l’ensemble est prêt à être installé.

Pour cause de dentiste, ce « spoutnik » attendra encore une nuit a l’extérieur de l’atelier ,la venue du conducteur de manitou.

 

Encore quelques frissons lors de l’installation dans le puits. Quelques réglages, le branchement de l’éclairage, l’ajustement du puits aux boulons, le raccordement de la girouette à la rose des vent et l’installation est en place.

Cartel présent sur place :

« Là où le vent te mène »
« Installation artistique de David Lachavanne / Résidence artistique « Points de Repères, Repères de points » / L’atelier blanc / œuvre participative / Avril 2017

Inspiré par le patrimoine local, ses légendes, la rencontre avec les habitants mais aussi par l’actualité, cette installation artistique, rassemble plusieurs thèmes au fond de ce puits. Objet central, historique et emblématique de Sauveterre de Rouergue, de nombreux témoignages interrogent ses mystères. Serait-il l’entrée d’un souterrain, la cache d’un trésor, y avait il de la vie au fond du puits, pouvait-on y faire tourner deux bœufs ? Et pourquoi faire ?
Il est avant tout l’accès à l’eau, partagée par toute la communauté du village. L’eau est très présente en sous-sol dans Sauveterre qui compte une trentaine de puits.
L’eau circule, plus ou moins librement selon ses formes, sur l’ensemble de la planète. Tantôt liant multiforme constituant les êtres vivants, alimentant les rivières, les puits ou formant des banquises, tantôt polluée, évaporée ou contenue, cela reste la même eau depuis l’origine du monde.
L’Homme circule aussi sur l’ensemble de la planète, plus ou moins librement selon son origine, son niveau social, son pouvoir d’achat… Des premiers explorateurs, aux touristes « globe-trotter » en passant par ces populations contraintes à l’exil pour des raisons de survie, ils forment tous la même espèce Humaine…
Se pencher sur le puits et engager une réflexion sur ce qui nous constitue, sur le respect à accorder à nos semblables, aux éléments naturels dont nous sommes issus, à notre passé, à leurs avenirs… »

Merci encore à tous les habitants de Sauveterre d’avoir participer de prêt ou de loin à ce projet participatif. Je remercie plus particulièrement Jean Dizengremel, Martine, Rémi et Johann, Max, Lucie, Gaëlle, Yves, Jules et les membres de l’association l’AJAAL pour leurs aides précieuses, ainsi qu’à Claude Gineste, Jean Louis et Philippe Couderc , à la municipalité, à Lejla, aux commerçants, spécial dédicace à Seb et Dudu (réunis ici comme un seul homme) et aux nombreux autres pour leurs conseils, et leurs soutiens dans cette belle aventure.

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Mémoires d’êtres / Les boites noires

Mémoires d’êtres / Les boites noires

Deuxième période de Résidence à Taninges /

Projet d’installation in situ dans le cadre du Parcours d’Art Contemporain / 

« Sentier art et nature » / Taninges (74) / Association « Artistes en herbe »

Partenaires : Conseil Général, Région (CG74)

Commissariat : Céline Duverney


Lundi 27 Juin 2016 : Retour à Taninges après un voyage de 4 jours
ponctués de différentes étapes où j'ai notamment participer à l'
accrochage de la première exposition de notre jeune association 
Ariégeoise la "Biz'Art Rit" au Château de Castanet en Lozère 
(proxi. Mende).
(plus d'info. sur http://www.bizartrit.com/ exposition
collective "PIRATA" du 09 Juillet (vernissage) au 31 Aout)
J'y présente une installation intitulée "mines publicitaires".

La seconde partie de ce blog concernera la réalisation de
tiroirs à l'intérieur des deux souches sculptées. Ceux-ci
contiendront des carottages opérés dans un bois différent.
(Nécessité de travailler avec un bois vieux, solide et sec.) 
Des informations historiques, relatives à la vie de personnes
ayant souhaitées se confronter à l'exercice difficile 
d'introspection soulevé par le questionnaire, y seront présentées.
Mise en ligne du fameux questionnaire. Si vous souhaitez participer, 
vous pouvez le télécharger puis le remplir via ce lien ci-dessous, 
merci de bien vouloir ensuite me le transmettre par mail.
Mon adresse mail : davidlachavanne@yahoo.fr
questionnaire
La mise en place des deux "météorites" sur le site est 
remise en question par l'avancé des travaux d'aménagement
des sentiers bordant le Giffre. L'accès sera désormais
dépendant de l'autorisation préalable du SM3A. 

Mardi : Retour sur la plate forme où sont entreposées
les souches. Le barnum n'a pas résisté aux conditions
désastreuses du mois de Juin. Il a donc été enlevé. Je 
récupère un parasol l'après midi, et j'investis dans de
la crème après coup d'soleil le soir. J'opère un premier
trou dans une des souches, je repasse un bon coup de 
chalumeau et je continue la sculpture des impacts.


Mercredi : Réalisation de 3 trous destinés à accueillir les carottages 
dans les 2 souches. La seconde souche a due passée un bon moment dans 
le Giffre. Son bois est gorgé d'eau. Les carottage ne sont pas évident.
Je façonne un tube afin de dégager le bois à l'intérieur.
Le soir, présentation de mon travail à la Chartreuse de Melan.

Jeudi : Réalisation de 4 autres carottages dans les souches.
Vendredi : Convoyage des souches sur leurs sites d'exposition.
Le trou précédemment réalisé par Charlie a été rebouché. (défaut
de coordination et mésentente dans la collaboration avec le SM3A).
Je devrais donc le refaire à la pelle et à la pioche. (interdiction
de faire venir des pelles mécaniques sur le nouvel aménagement
du chemin bordant le Giffre.) Découpes des carottes précédemment
réalisées. Aide sur l'installation "Anatopie" de Sebastien Lacroix,
qui doit aussi étendre un monticule de "tout venant" autours de son
œuvre.
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Samedi : Travail de ponçage des demi-carottes. 
Préparation des supports tiroirs en atelier chez mes parents.
Un grand merci à mon père, à ses conseils, et à son aide.
Dimanche : Façonnage des couvercles des tiroirs.

Lundi : Très grosse journée dédiée à l'installation des souches sur
les deux sites. Pelles, pioche, bêche, brouette, remplacent les
pelleteuses mécaniques, et les camions plateaux trop lourds et 
trop bruyants (Ha ha!). En fait, la restauration des sentiers
ne permet plus l'accès à de gros véhicules...
Merci à Sébastien et à Emmanuel pour leur aide précieuse.
Mardi : Travail numérique de réalisation des 7 réseaux racinaires 
issus des questionnaire.
Mercredi : Travail sur les réseaux racinaires...
(Photo. des carottes de bois, numérisation, mises à l'échelle, réalisation
de frises du temps, report des informations issues des questionnaires
et mise en forme.)
Jeudi : Allez, on mollit pas... Ajustement des tiroirs dans les troncs.
Conception réalisation des tiroirs en question, nettoyage du site, 
finalisation de la souche côté Rivière-Enverse (ponçage/brûlage) et 
application d'une 1ère couche d'huile de lin / essence de térébenthine /
siccatif.
Vendredi : Travail sur la souche du côté Taninges. Il restait
encore un trou a creuser...Le plus relou... Le soleil tape sec.
Je fatigue... GWAaaaaahh....
Non ça va merci. C'est quand même beaucoup de maintenance.
Dommage que l'accès soit si compliqué et qu'il n'y ai
pas d'atelier mis à disposition. M'enfin, je m'organise.
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La 2nde souche est finalisée, traitée, les tiroirs sont ajustés.
Il me faudra encore résoudre le problème de la fixation de ces derniers.
Je croise les doigts pour accuser réception des plexys dans les temps.
C'est une entreprise Allemande qui s'en occupe. Souhaitons que le match
de foot d'hier soir ne les ai pas trop chamboulé.
Le week-end / repos / Je retrouve ma compagne et ma fille / Balade pieds
nus dans la forêt de Marlioz / Retour sur mes racines / Ancrage / 
Respiration.... 
Lundi : Travail sur les tiroirs (système d'accroche)... Deuxième couche
d'huile de Lin sur les 2 souches, et... bonne réception de Céline 
Duverney des plaques de plexy avec les réseaux racinaires! (youpi).
Mardi / Mercredi : Finitions, quelques soucis de grèle et de pluie
lors de l'installation des tiroirs, mais tout est en place pour le
14 Juillet, date de vernissage. Un discours sous la pluie, et 
quelques visites des deux souches avec différents groupes et me 
voilà rentré en Ariège.

Racines d’êtres / Les météorites

Racines d’êtres / Les météorites

Projet d’installation in situ dans le cadre du Parcours d’Art Contemporain / 

« Sentier art et nature » / Taninges (74) / Association « Artistes en herbe »

Partenaires : Conseil Général, Région (CG74)

Commissariat : Céline Duverney et Alain Livache

PROJET ARTISTIQUE :

Le projet d'installation artistique s'est orienté sur la présence de 
souches charriées par le torrent "Le Giffre". 
Lors d'un 1er repérage, celles-ci me sont apparues comme des météorites. 
L'arbre n'a plus vraiment de forme, les racines, les troncs sont 
cassés, usés par leur voyage.
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Selon les crues du torrent, elles reprennent leur voyage.
A la manière des montagnes qui se transforment lentement 
en grains de sable, sur une autre échelle de temps, l'arbre 
devenu souche perd peu à peu toute ressemblance avec ses 
congénères vivants.
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Les souches sont marquées de nombreux impacts... Je vais essayer 
d'amplifier cette image de "météorites" en sculptant ces souches, 
en "révélant" ces impacts.
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Je les repositionnerai ensuite sur le site du parcours artistique à la 
manière d'un cratère causé par la chute d'un de ces objets célestes.
(L'aménagement paysager consistera sans doute à creuser une saignée 
d'environ 4 mètres de long dans la forêt amenant sur un trou 
contenant la souche. La terre retirée du trou sera placée au devant, 
en arc de cercle...) 
Idéalement, il y aurait plusieurs "météorites". 
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Œuvre participative
Je souhaite mettre en relation à travers cette sculpture, des 
témoignages de vies humaines racontés sur ce support temporel 
qu'est le bois. (dendrochronologie).
cadre participatif: Le temps
L’arbre renferme en son cœur, son histoire... La sculpture me 
permet l’accès aux données dendrochronologiques de l’arbre. Les 
différents plans à l’intérieur de la souche me permettront de figurer 
la relation Homme / Arbre. Il s’agit d’évoquer des parcours de vie 
de femmes et d’hommes, évoluant sur le support temporel que sont 
les cernes d’un arbre. L’enjeu est de m’appuyer sur des données 
concrètes, que je pourrais obtenir à l’issue d’un questionnaire, 
afin de pouvoir dessiner le «réseau racinaire» unique pour chaque 
participant consulté. L’errance de la souche, l’image de la météorite
entrent en résonance avec les cheminements humains, dans un état 
d’esprit de relativité.
Je pense opérer des "carottages" ou trouver une manière de 
révéler les anneaux de croissance de l'arbre.
Je souhaite intégrer la population locale au projet, en 
proposant de remplir un questionnaire (anonyme) sur les différentes 
étapes importantes qui ont jalonné leur vie. 
Ces données me permettront des créer des "réseaux 
racinaires" venant s'inscrire sur ses cernes de croissance. 
Quelles sont les choses qui nous ont construits, celles qui 
nous permettent de tenir debout? Quelles sont nos racines ? 
Ce sont là les questions qui m'orientent dans l'élaboration 
de ce questionnaire. 
Celui-ci peut sembler un peu intrusif... Je me suis moi-
même essayé à l'exercice, cela m'a paru un peu douloureux.
Il n'est pas facile de revenir sur sa vie, de retrouver les 
périodes, les dates exactes, de rencontres, de séparations, 
d'évolution. L'impression de faire son dernier bilan s'impose... 

Réseaux racinaires copie

Le résultat sous forme de "réseau racinaire" est pourtant un 
reflet assez fidèle de ma vie. Il est en tout cas objectif. 
Même sans beaucoup de légendes, je pense pouvoir le reconnaitre
au milieu d'autres expériences de vie.
Déroulement
La résidence artistique commence ce Lundi 09 Mai par la rencontre
avec les acteurs locaux que sont la mairie, la MJC, la 
Bibliothèque, ainsi que l'Office de Tourisme de Taninges. 
Je souhaite pouvoir témoigner de mon cheminement sur des 
panneaux d'affichage placés dans ces différents 
endroits. La rencontre avec les habitants se fera 
Jeudi sur le marché. 
 
Mardi : Je vais voir la sélection de souches qui ont été 
sorties du torrent grâce à Céline Duverney. Je me promène 
aussi sur les différents sites d'exposition.
Je passe l'après midi à nettoyer les souches, puis à 
faire des essais de sculpture. Rencontre avec Julie et 
Sophie qui gèrent le site touristique et culturel de la
Chartreuse de Melan. Un grand merci à elles pour leur
accueil et leur disponibilité.

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Mercredi : Ce blog qui bug me prend pas mal de temps... 
Mmmh la communication... Je vais tout de même essayer
de m'y tenir jusqu'au bout.
 Aujourd'hui, on rentre bien dans le vif du sujet.
 La sculpture des souches. Et l'organisation face au
 temps qui vire au drame, enfin non, juste à la pluie.

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Jeudi matin : Rencontre avec les Jacquemards (habitants de Taninges) 
sur la place du marché. Il pleut, il n'y a pas foule, mais j'ai
fait quelques bonnes rencontres. Certaines personnes sont partantes 
pour remplir le questionnaire mis à disposition. Explication de 
mon travail, de ma démarche pour cette résidence, des accès au site, 
du questionnaire... Les courageux qui s'arrêtent prennent le temps... 
C'est appréciable. Les fromagers ont beaucoup plus de succès.
L'après midi, repérage et délimitation du 1er site d'exposition.
Rencontre avec les ouvriers du SM3A travaillant sur l'empierrement du 
sentier bordant le Giffre. La pluie battante les ayant stoppé pour quelques 
heures, l'un d'eux s'engage à opérer les aménagements paysagers 
demandés de quelques coups de godets bien sentis. Le résultat ... 
Mardi prochain.

Vendredi : Travail de communication. Réalisation de 2 supports d'
informations en ville (Bibliothèque, office du tourisme) relatant 
la résidence. 
Retour sous l'auvent pour une bonne session de sculpture.

 

Interview pour le Dauphiné libéré et rencontre avec les usagers de la 
bibliothèque. Je trouve l'endroit bien plus approprié que le marché.
L'ambiance est bonne voir "guillerette". La conversation dévie sur
la présence d'asperges sauvages à Taninges... Avis à la population?
Étant moi même originaire de Haute Savoie, mes parents m'emmenaient 
les cueillir du côté de Reignier, vers la fameuse "Pierre aux Fées". 
Serait-ce la même chose que les "respounchous" Ariégeoises (mon nouveau 
lieu de vie) ? Ceux que nous avons mangé cette année n'avaient rien à voir
avec l'aspergette...
Je parviens à convaincre quelques personnes supplémentaires de remplir 
ce questionnaire. Je réalise que plus la personne est âgée, et plus l'
exercice doit être difficile, laborieux et épuisant. 
Samedi : Préparation et début de sculpture de la 2eme souche.
Dimanche : Repos du créateur. Visite familiale, retour à mes racines.
Lundi : Sculpture de la seconde souche. (beaucoup plus sale que la première,
mais son bois est plus sain, plus dur.) Le sable gris du Giffre s'est
insinué partout. Les outils s'usent, s'abiment prématurément...
Mardi : Brulure de la 1ère souche. Je choisis de laisser les impacts 
de la couleur du bois mis à nu, et de noircir, de brûler au chalumeau
les contours. Dans ma tête se rejoue l'histoire de cette "météorite".

Visite du site promis à l'exposition. Les travaux d'empierrement du
chemin avancent. Le jeune conducteur de pelle mécanique à réalisé le
trou et la butte de la première météorite (côté "Rivière Enverse") 
Un grand merci à lui et au SM3A (la région) pour leur aide. Ceux-ci
sont partenaire de ce projet de résidence.
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Sortie papier des supports de communications afin de présenter 
la résidence d'artiste et mon travail aux habitants et aux visiteurs.
Support de comm D.Lachavanne

Rencontre avec Mr le maire de la "Rivière Enverse". Celui-ci nous
rappelle son soutien pour la culture. Nous attendons désormais une
proposition de date de vernissage. (Le 14 Juillet semble déjà très
animé, y aurait il un créneau e jour là? ...)

Mise en ligne du fameux questionnaire. Si vous souhaitez participer, 
vous pouvez le télécharger puis le remplir via ce lien ci-dessous, 
merci de bien vouloir ensuite me le transmettre par mail.
Mon adresse mail : davidlachavanne@yahoo.fr
questionnaire
Je pense clôturer les réponses le 01 Juin.

Mercredi : Sculpture. Brûlage des parties extérieures 
des souches. Ponçage des impacts. Tempête durant la nuit!
Un vent très fort et le déferlement de trombes d'eau n'auront pas
raison de l'auvent qui protège les sculptures.
Jeudi : Réalisation d'un panneau explicatif de ma démarche pour
la Chartreuse de Melan. Repérage et balisage du site dédié à la 
deuxième météorite. (Côté Taninges). Retour sur le 1er site (côté
Rivière Enverse) où Charly et sa pelleteuse travaillent à proximité
de la zone d'installation. Un grand merci à lui pour son aide
généreuse. Je place un géotextile au fond du trou préparé par ses 
soins. Il déverse un godet de tout venant afin de drainer l'
emplacement. Il me faudra à mon retour en Juin, aménager ce trou 
avec des galets de grosseurs moyennes.
Je positionne une bâche afin de protéger mes sculptures en cours 
jusqu'à mon retour, vers le 27 Juin.
20160518-0001
Mois de Juin : Retour en Ariège / préparation de la deuxième partie de 
résidence. 
Réalisation d'une carotteuse sur mesure... 
J'utilise une scie cloche de 8cm de diamètre. Je rajoute une deuxième
rangée de dents afin de ne pas trop coincer la scie dans le bois.
Je reperce des trous d'évacuations de sciure.
Après un 1ère essais dans du bois assez dur, et le fumage de deux 
vieilles perceuses de 500 watts, j'investis dans une "perceuse 
perforateur burineur" de 1100w qui tient le choc. Il me faut environs 
3 heures pour sortir une carotte d'environs 30cm. 
Je réalise aussi un petit chariot sur guide afin de soulager les forces
et de percer droit.
Après un long échange téléphonique avec mon père, l'astuce est de ne pas 
faire bleuir la lame, donc de retirer la carotteuse dès que le bois fume, 
et de bien lubrifier la scie à l'aide de cire. Il s'agit d'acier trempé, 
le ré-avoyage des dents n'est pas permis... 
Je perds donc deux dents, une en tentant d'avoyer, et l'autre en laissant
tomber la carotteuse par terre. 

Plus tard : 
Balade au Pic des 3 Seigneurs, vision cataclysmique d'une forêt entrainée 
par une avalanche.
Déjà deux années de tentative de nettoyage de cet énorme chantier. 
Résonance avec mes propres questionnements : "D'où proviennent les
souches ? Qu'est ce qui transforme un arbre centenaire en "météorite"?

 

Réflexion personnelle sur mon propre cheminement. Mes errances 
géographiques amoureuses, sociales, mes réalisations, mes renoncements. 
Mes racines, mes nouvelles branches aussi... De nouveaux ancrages,
la construction de nouvelles réalités.