Projet d’installation in situ dans le cadre du Parcours d’Art Contemporain /
« Sentier art et nature » / Taninges (74) / Association « Artistes en herbe »
Partenaires : Conseil Général, Région (CG74)
Commissariat : Céline Duverney et Alain Livache
PROJET ARTISTIQUE :
Le projet d'installation artistique s'est orienté sur la présence de
souches charriées par le torrent "Le Giffre".
Lors d'un 1er repérage, celles-ci me sont apparues comme des météorites.
L'arbre n'a plus vraiment de forme, les racines, les troncs sont
cassés, usés par leur voyage.
Selon les crues du torrent, elles reprennent leur voyage.
A la manière des montagnes qui se transforment lentement
en grains de sable, sur une autre échelle de temps, l'arbre
devenu souche perd peu à peu toute ressemblance avec ses
congénères vivants.
Les souches sont marquées de nombreux impacts... Je vais essayer
d'amplifier cette image de "météorites" en sculptant ces souches,
en "révélant" ces impacts.
Je les repositionnerai ensuite sur le site du parcours artistique à la manière d'un cratère causé par la chute d'un de ces objets célestes. (L'aménagement paysager consistera sans doute à creuser une saignée d'environ 4 mètres de long dans la forêt amenant sur un trou contenant la souche. La terre retirée du trou sera placée au devant, en arc de cercle...) Idéalement, il y aurait plusieurs "météorites". Œuvre participative Je souhaite mettre en relation à travers cette sculpture, des témoignages de vies humaines racontés sur ce support temporel qu'est le bois. (dendrochronologie). cadre participatif: Le temps L’arbre renferme en son cœur, son histoire... La sculpture me permet l’accès aux données dendrochronologiques de l’arbre. Les différents plans à l’intérieur de la souche me permettront de figurer la relation Homme / Arbre. Il s’agit d’évoquer des parcours de vie de femmes et d’hommes, évoluant sur le support temporel que sont les cernes d’un arbre. L’enjeu est de m’appuyer sur des données concrètes, que je pourrais obtenir à l’issue d’un questionnaire, afin de pouvoir dessiner le «réseau racinaire» unique pour chaque participant consulté. L’errance de la souche, l’image de la météorite entrent en résonance avec les cheminements humains, dans un état d’esprit de relativité. Je pense opérer des "carottages" ou trouver une manière de révéler les anneaux de croissance de l'arbre.
Je souhaite intégrer la population locale au projet, en proposant de remplir un questionnaire (anonyme) sur les différentes étapes importantes qui ont jalonné leur vie. Ces données me permettront des créer des "réseaux racinaires" venant s'inscrire sur ses cernes de croissance. Quelles sont les choses qui nous ont construits, celles qui nous permettent de tenir debout? Quelles sont nos racines ? Ce sont là les questions qui m'orientent dans l'élaboration de ce questionnaire. Celui-ci peut sembler un peu intrusif... Je me suis moi- même essayé à l'exercice, cela m'a paru un peu douloureux. Il n'est pas facile de revenir sur sa vie, de retrouver les périodes, les dates exactes, de rencontres, de séparations, d'évolution. L'impression de faire son dernier bilan s'impose... Le résultat sous forme de "réseau racinaire" est pourtant un reflet assez fidèle de ma vie. Il est en tout cas objectif. Même sans beaucoup de légendes, je pense pouvoir le reconnaitre au milieu d'autres expériences de vie.
Déroulement La résidence artistique commence ce Lundi 09 Mai par la rencontre avec les acteurs locaux que sont la mairie, la MJC, la Bibliothèque, ainsi que l'Office de Tourisme de Taninges. Je souhaite pouvoir témoigner de mon cheminement sur des panneaux d'affichage placés dans ces différents endroits. La rencontre avec les habitants se fera Jeudi sur le marché. Mardi : Je vais voir la sélection de souches qui ont été sorties du torrent grâce à Céline Duverney. Je me promène aussi sur les différents sites d'exposition. Je passe l'après midi à nettoyer les souches, puis à faire des essais de sculpture. Rencontre avec Julie et Sophie qui gèrent le site touristique et culturel de la Chartreuse de Melan. Un grand merci à elles pour leur accueil et leur disponibilité.
Mercredi : Ce blog qui bug me prend pas mal de temps... Mmmh la communication... Je vais tout de même essayer de m'y tenir jusqu'au bout. Aujourd'hui, on rentre bien dans le vif du sujet. La sculpture des souches. Et l'organisation face au temps qui vire au drame, enfin non, juste à la pluie.
Jeudi matin : Rencontre avec les Jacquemards (habitants de Taninges) sur la place du marché. Il pleut, il n'y a pas foule, mais j'ai fait quelques bonnes rencontres. Certaines personnes sont partantes pour remplir le questionnaire mis à disposition. Explication de mon travail, de ma démarche pour cette résidence, des accès au site, du questionnaire... Les courageux qui s'arrêtent prennent le temps... C'est appréciable. Les fromagers ont beaucoup plus de succès.
L'après midi, repérage et délimitation du 1er site d'exposition. Rencontre avec les ouvriers du SM3A travaillant sur l'empierrement du sentier bordant le Giffre. La pluie battante les ayant stoppé pour quelques heures, l'un d'eux s'engage à opérer les aménagements paysagers demandés de quelques coups de godets bien sentis. Le résultat ... Mardi prochain. Vendredi : Travail de communication. Réalisation de 2 supports d' informations en ville (Bibliothèque, office du tourisme) relatant la résidence. Retour sous l'auvent pour une bonne session de sculpture.
Interview pour le Dauphiné libéré et rencontre avec les usagers de la bibliothèque. Je trouve l'endroit bien plus approprié que le marché. L'ambiance est bonne voir "guillerette". La conversation dévie sur la présence d'asperges sauvages à Taninges... Avis à la population? Étant moi même originaire de Haute Savoie, mes parents m'emmenaient les cueillir du côté de Reignier, vers la fameuse "Pierre aux Fées". Serait-ce la même chose que les "respounchous" Ariégeoises (mon nouveau lieu de vie) ? Ceux que nous avons mangé cette année n'avaient rien à voir avec l'aspergette... Je parviens à convaincre quelques personnes supplémentaires de remplir ce questionnaire. Je réalise que plus la personne est âgée, et plus l' exercice doit être difficile, laborieux et épuisant. Samedi : Préparation et début de sculpture de la 2eme souche.
Dimanche : Repos du créateur. Visite familiale, retour à mes racines. Lundi : Sculpture de la seconde souche. (beaucoup plus sale que la première, mais son bois est plus sain, plus dur.) Le sable gris du Giffre s'est insinué partout. Les outils s'usent, s'abiment prématurément... Mardi : Brulure de la 1ère souche. Je choisis de laisser les impacts de la couleur du bois mis à nu, et de noircir, de brûler au chalumeau les contours. Dans ma tête se rejoue l'histoire de cette "météorite". Visite du site promis à l'exposition. Les travaux d'empierrement du chemin avancent. Le jeune conducteur de pelle mécanique à réalisé le trou et la butte de la première météorite (côté "Rivière Enverse") Un grand merci à lui et au SM3A (la région) pour leur aide. Ceux-ci sont partenaire de ce projet de résidence. Sortie papier des supports de communications afin de présenter la résidence d'artiste et mon travail aux habitants et aux visiteurs. Support de comm D.Lachavanne Rencontre avec Mr le maire de la "Rivière Enverse". Celui-ci nous rappelle son soutien pour la culture. Nous attendons désormais une proposition de date de vernissage. (Le 14 Juillet semble déjà très animé, y aurait il un créneau e jour là? ...) Mise en ligne du fameux questionnaire. Si vous souhaitez participer, vous pouvez le télécharger puis le remplir via ce lien ci-dessous, merci de bien vouloir ensuite me le transmettre par mail. Mon adresse mail : davidlachavanne@yahoo.fr questionnaire Je pense clôturer les réponses le 01 Juin. Mercredi : Sculpture. Brûlage des parties extérieures des souches. Ponçage des impacts. Tempête durant la nuit! Un vent très fort et le déferlement de trombes d'eau n'auront pas raison de l'auvent qui protège les sculptures. Jeudi : Réalisation d'un panneau explicatif de ma démarche pour la Chartreuse de Melan. Repérage et balisage du site dédié à la deuxième météorite. (Côté Taninges). Retour sur le 1er site (côté Rivière Enverse) où Charly et sa pelleteuse travaillent à proximité de la zone d'installation. Un grand merci à lui pour son aide généreuse. Je place un géotextile au fond du trou préparé par ses soins. Il déverse un godet de tout venant afin de drainer l' emplacement. Il me faudra à mon retour en Juin, aménager ce trou avec des galets de grosseurs moyennes. Je positionne une bâche afin de protéger mes sculptures en cours jusqu'à mon retour, vers le 27 Juin.
Mois de Juin : Retour en Ariège / préparation de la deuxième partie de résidence. Réalisation d'une carotteuse sur mesure... J'utilise une scie cloche de 8cm de diamètre. Je rajoute une deuxième rangée de dents afin de ne pas trop coincer la scie dans le bois. Je reperce des trous d'évacuations de sciure. Après un 1ère essais dans du bois assez dur, et le fumage de deux vieilles perceuses de 500 watts, j'investis dans une "perceuse perforateur burineur" de 1100w qui tient le choc. Il me faut environs 3 heures pour sortir une carotte d'environs 30cm. Je réalise aussi un petit chariot sur guide afin de soulager les forces et de percer droit. Après un long échange téléphonique avec mon père, l'astuce est de ne pas faire bleuir la lame, donc de retirer la carotteuse dès que le bois fume, et de bien lubrifier la scie à l'aide de cire. Il s'agit d'acier trempé, le ré-avoyage des dents n'est pas permis... Je perds donc deux dents, une en tentant d'avoyer, et l'autre en laissant tomber la carotteuse par terre.
Plus tard : Balade au Pic des 3 Seigneurs, vision cataclysmique d'une forêt entrainée par une avalanche. Déjà deux années de tentative de nettoyage de cet énorme chantier. Résonance avec mes propres questionnements : "D'où proviennent les souches ? Qu'est ce qui transforme un arbre centenaire en "météorite"?
Réflexion personnelle sur mon propre cheminement. Mes errances géographiques amoureuses, sociales, mes réalisations, mes renoncements. Mes racines, mes nouvelles branches aussi... De nouveaux ancrages, la construction de nouvelles réalités.
TEMPS très humide de début juin…le giffre affleure les berges,le hautvent tient le coup et les souches ne se sont pas envolées!
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